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Le petit prince qui ne parlait plus

III - Une alliée de choix


Le petit Prince est pour l'instant assis sur son lit, dans sa chambre de la tour Nord. Il a renvoyé son page et fermé la porte à clé pour avoir la paix. Il ne veut pas se l'admettre mais il est inquiet : cela va-t-il durer tout la vie ? Ce pourrait-il qu'il ne prononce plus jamais une parole ?

Soudain il se lève. Debout devant le miroir, il se tire la langue : rien n'a changé ; elle est toujours là et elle est toujours bleue. Mais attention pas n'importe quel bleu : un bleu d'azur si lumineux que cela l'éblouie. Le plus surprenant dans cette histoire c'est que les médecins qui se sont succédés dans sa chambre depuis la cérémonie n'ont rien remarqué : pour eux la langue du petit Prince a toujours sa belle couleur rose de petit garçon. A moins, s'interroge le petit Prince, que leur ignorance est telle qu'ils n'osent point en parler au Roi, son père... Avec eux tout est possible.


Mais le petit Prince doit admettre en son fort intérieur que même si la situation est grave, elle n'est pas pour lui déplaire. Il ne faut pas croire que le petit Prince est un petit monstre. Non, loin de là : c'est un petit garçon tout à fait comme il faut, bien poli et gentil comme tout.

"Ma tante n'est qu'une vilaine chipie qui mérite bien ce qui lui arrive" pense le petit Prince.

Il ne faut pas lui en vouloir pour cette pensée, car il est de notoriété publique que Mademoiselle, soeur du Roi, n'est qu'une vilaine femme fourbe et méchante, qui n'aime ni les enfants, ni les animaux. Pire que la belle-mère de Cendrillon. Combien de fois ne l'a-t-elle pas accusé pour des bêtises qu'il n'avait pas commises. Oui en vérité elle mérite bien ce qui lui est arrivé et le petit Prince est heureux que le Prince des Nains ne se soit pas marié avec une telle mégère ; il n'aura aucun mal à trouver une épouse qui lui convienne mieux.


Cependant le petit Prince ne parle toujours pas et cela l'inquiète.

Par la fenêtre de sa chambre il aperçoit une troupe de cavaliers faisant son entrée dans la cour du château. Intrigué il se penche et voit une jolie jeune femme descendre d'un carrosse tiré par deux magnifiques chevaux blancs : c'est la fée Mirage.

Dans son sillage apparaît une petite fille. Sa chevelure est si rousse que pendant un instant il pense que sa tête est en feu. Aussitôt descendue, la petite fille lève la tête et lui adresse un petit signe de la main en souriant. Le petit Prince, étonné, se demande alors qui elle peut bien être et comment elle a fait pour le repérer tout la-haut dans sa tour.

Mais il ne doit pas traîner. Il faut qu'il aille rendre ses hommages à la fée Mirage, sinon il risque d'avoir des graves ennuis, tout petit Prince muet qu'il est.


Lorsqu'il arrive dans la salle du trône, le Roi son père, le Grand Chambellan et le Ministre du Protocole sont déjà présents. La fée Mirage est là. Le petit Prince se dit qu'il n'a jamais vu de créature plus belle. Même le plus habile des enlumineurs du royaume n'aurait pu imaginer un spectacle plus merveilleux. Drapée dans une superposition harmonieuse de voilages et de mousselines pastel, la fée Mirage laisse entrevoir un visage délicat au teint si clair que le petit Prince pense un instant qu'il est transparent. Ses cheveux blonds sont retenus par de minuscules tresses faites de fleurs des champs. Et ses mains : ses mains si fines ont une apparence si fragile que l'on hésite à les saisir de peur de les casser.

Le petit Prince est tellement subjugué par la féerie qui s'offre à lui qu'il en oublie la présence de la petite fille à la chevelure de feu qui l'observe ouvertement, un sourire narquois sur les lèvres.

Le Roi, son père, prend alors la parole :

- Mon fils je te présente la fée Mirage. Elle est venue dans notre auguste demeure à ma demande dans l'espoir qu'elle puisse résoudre le petit problème qui nous occupe en ce moment.

Le petit prince, en garçon bien élevé s'incline devant la jolie fée et baise avec cérémonie la main délicate qu'on lui tend.

- Rhumm ! Rhumm !

- Ah oui ! La fée Mirage est accompagnée d'une jeune apprentie : Flambinette. Elle sera ta compagne jusqu'à ce que tu aies recouvré la parole.

Le petit Prince se tourne vers la personne que l'on vient de lui présenter. C'est une tout petite fille au visage tout rond, constellé de minuscules taches de rousseur, surmonté d'une surprenante toison rouge feu. Le petit Prince se dit alors qu'il n'aurait jamais imaginé qu'une telle couleur puisse exister pour de vrai. Flambinette s'avance d'un pas et sans un mot prend la main du petit Prince dans la sienne, lui lance un regard moqueur et l'entraîne en courant loin de la salle du trône.


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