Patua et le secret du boa géant
Soudain, la vieille dame remarque la présence de la fillette :
- Que fais-tu là, malheureuse ? s'écrit-elle affolée.
- J'ai senti l'odeur de votre soupe et j'ai faim, répond Patua.
- Il ne faut pas que tu restes là. Ne sais-tu pas qui je suis ?
Patua secoue la tête d'ignorance.
- Je suis la Mère-des -Tigres !
Patua la regarde sans comprendre.
- N'as-tu jamais entendu parler de Tigre-Rouge, Tigre-Noir, Tigre-Tacheté, Petit Chat-Tigre et Tigre-des-Troupeaux-de-Bœufs ? Ce sont mes fils ! Ils vont bientôt rentrer. Si jamais ils te trouvent, ils vont te dévorer. Sauve-toi vite ! Continue la vieille dame en poussant la fillette vers la forêt.
- Mais par où ? demande affolée Patua.
Dans la forêt, on entend alors des bruits de pas qui se rapprochent.
- C'est trop tard, s'écrie la Mère-des -Tigres. Vite, viens avec moi. Je vais te cacher.
La vieille dame entraine précipitamment Patua dans la maison. Mais déjà les cinq fils sortent de la forêt.
À peine émergent-ils des arbres, qu'ils abandonnent leur forme animale pour apparaître sous l'aspect d'Indiens, simplement vêtus d'une étoffe et peints aux couleurs de leurs noms.
Pendant ce temps, la Mère-des -Tigres a caché la fillette dans la maison, sous un grand panier d'osier. Mais le plus jeune des tigres s'exclame :
- Ça sent la viande ici !
- Non, tu te trompes, répond la Mère-des -Tigres qui remue à nouveau le contenu de son chaudron. Ce n'est que la soupe que je prépare.
- Je dis que ça sent la viande fraîche ici, insiste Petit Chat-tigre.
Mais la Mère-des -Tigres a beau nier, ses fils s'entêtent et finissent par trouver Patua, tremblante de peur. Aussitôt ils décident de la manger. Petit Chat-tigre attrape la fillette par le bras…
Tout à coup, la terre se met à trembler. Le ciel s'assombrit. Le vent se met à souffler en tempête. Les fils de la Mère-des -Tigres se précipitent hors de la maison et ce qu'ils voient leur glace le sang. Dans la clairière glisse le plus gigantesque serpent jamais vu. Le reptile est terrifiant. Sur sa tête pointent deux antennes aussi grosses que des trompes d'éléphant. Ses oreilles sont plus larges que les plus larges feuilles de nénuphar. Son corps est si énorme que des arbres poussent dessus, tout le long de son corps sinueux.
Le serpent détruit tout sur son passage, renverse les arbres par dizaines, creuse un large sillon dans la terre. Dans son sillage traine une odeur forte d'humus et de sous-bois.
Texte : 2010 © M.-H. Lafond
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