Pendant ce temps, Uhandisi le djinn est retourné se réfugier derrière son rocher. Et après un temps de réflexion, il se met à marmonner, puis récite deux formules magiques. Puis il pose sa sagaie et commence à courir.
Uhandisi court en cercle, autour de l’acacia, des animaux et du rocher. Il court d’abord très lentement, en soulevant à peine les pieds du sol, sans faire de bruit. Ni Girafe, ni Zèbre, ni Éléphant, ni Hippopotame et encore moins Lion ne remarquent quoi que ce soit.
Il fois qu’il a effectué trois tours complets, Uhandisi le djinn commence à accélérer. Les animaux redressent la tête pour voir ce qu’il se passe. Mais le djinn accélère toujours plus. Un véritable tourbillon de poussière se forme. Et bientôt on ne peut plus distinguer ni les animaux, ni l’arbre ni le rocher.
Enfin, Uhandisi s’arrête de courir. Lentement la poussière retombe. Le djinn s’approche alors du vieil acacia. Et ce qu’il voit le fait sourire.
Alors que Girafe, Éléphant, Zèbre, Hippopotame et Lion, secoués par ce qui vient de se passer, reprennent leurs esprits, quelle n’est pas leur surprise quand ils peuvent se voir à nouveau. Le tourbillon de vent soulevé par Uhandisi a mélangé toutes leurs robes.
- Mais que s’est-il passé ? s’exclame Lion. Je suis tout jaune maintenant !
- Et moi regarde je suis tout rayé, dit Zèbre. Et toi, Girafe, tu as plein de tâches !
Les voilà qui se tournent autour pour s’observer, effarés de leur nouvelle apparence.
- C’est la faute d’Uhandisi, barrit Éléphant. Où est-il, ce maudit djinn ?
Les cinq compères se rassemblent alors autour du le djinn, menaçant. Mais celui-ci ne recule pas et son sourire s’élargit même sur son visage.
Le petit singe voit venir le danger et décide d’intervenir.
- Attendez ! Cela ne sert à rien de se mettre en colère, s’écrit-il.
Descendant de sa branche, il se place entre le djinn et les animaux. Et il ajoute en prenant un air sévère :
- Vous n’avez pas été corrects tout à l’heure avec Uhandisi, en le repoussant et refusant qu’il intervienne dans votre conversation. Et toi, Uhandisi, ce n’était pas gentil de te venger ainsi : ils n’avaient aucune chance de se défendre contre ta magie !
Le ton du petit singe est si cinglant que tous, les animaux comme Uhandisi, se sentent alors fautifs.
- Tout compte fait, dit Girafe, j’aime bien mes taches. Et toi Éléphant je te trouve très beau en gris ! Ça t’amincit !
- Tu trouves ? demande le pachyderme rose de plaisir.
Et tous, d’admirer et venter les avantages de leur nouvelle apparence. Uhandisi, dépité que son tour ait tourné court, commence à s’énerver. C’est alors que Lion se tourne vers lui et dit :
- Uhandisi, excuse-nous pour notre attitude envers toi. Nous n’aurions jamais dû te rejeter comme nous l’avons. Nous avons été trop arrogants. Tu nous as donné une bonne leçon. Voudrais-tu nous pardonner ?
- Oui, Uhandisi, pardonne-nous, renchérit Hippopotame. Tu seras toujours le bien venu dans notre cercle !
- Et puis regarde comme nous sommes beaux maintenant, ajoute en riant Zèbre !
Et c’est depuis ce jour, on peut voir Girafe, Éléphant, Zèbre, Hippopotame et Lion tenir conversation, le soir à la nuit tombée, en compagnie d’un petit djinn nommé Uhandisi, sous le regard bienveillant d’un petit singe perché dans un vieil acacia.