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Le troll-fée
Grounch s’engouffre dans la maison des sorcières. Dans la grande salle, ces dernières sont réunies autour d’un énorme chaudron fumant. – En voilà des manières, Grounch ! s’indigne Morgane la sorcière. Ne t’a-t-on jamais appris à frapper avant d’entrer ? – Regardez, regardez ! s’exclame Grounch sans même prendre le temps de s’excuser. Regardez comment je me suis réveillé ce matin : on m’a transformé en FÉE ! D’abord la baguette et puis les ailes. Grounch se tourne pour que chacun puisse voir les ailes si fragiles qui lui ont poussé dans le dos. Les sorcières ont bien du mal à ne pas éclater de rire. – Sans parler de tes cornes qui brillent comme des vers luisants, lance une sorcière en riant. – Écoute, Grounch, dit enfin Morgane la sorcière. Nous ne sommes pour rien dans ce qui t’arrive. Je te conseille d’aller voir la fée Clochette. Elle, elle saura ce qui s’est passé. – La fée Clochette ! Évidemment ! Ce ne peut-être qu’elle, s’exclame le troll-fée en se précipitant dehors. En franchissant la grande porte, Grounch heurte de sa baguette un énorme bocal d’araignées séchées. Et aussitôt le bocal se met à grouiller, les araignées soulèvent de bouchon en liège et se répandent dans la salle comme une marée noire. « Tiens... » se dit Grounch. Mais il ne prend pas le temps de s’arrêter. Sur son crâne, ses cornes étincellent. Lorsqu’il arrive chez la fée Clochette, Grounch hésite avant de frapper. « J’aurais peut-être dû m’habiller avant de sortir... Bah tant pis ! » Et il toque à la porte. – Mais que t’arrive-t-il, mon pauvre Grounch ? s’exclame Clochette quand elle le voit. Entre, entre... Grounch avance timidement. Clochette volette autour de lui, examine ses ailes, observe sa baguette. – Je vois, dit-elle. Donne-moi la main, je sais qui a fait cela. D’un coup de sa baguette magique, Clochette transporte Grounch dans une chambre dans laquelle une petite fille est alitée. – Clara, Clara, dit la petite fée en réveillant doucement la fillette. Je t’ai amené Grounch. Le troll s’approche prudemment du lit. Clara ouvre les yeux : – Ah ! enfin te voilà, dit-elle. Je suis contente de te rencontrer. Grounch la regarde sans comprendre. – Tu me connais ? – Tous les soirs, je fais des cauchemars. Et à chaque fois tu es là ; tu me fais peur avec ton gros nez, tes cornes et tes gros orteils. Grounch sourit. Il est content de lui : un troll ce n’est pas fait pour plaire aux petites filles ! – Hier soir j’en ai eu assez, poursuit Clara. Aussi quand tu es apparu dans mon rêve, j’ai décidé que tu ne me ferais plus peur. Alors je t’ai imaginé en fée, parce que les fées ça ne fait pas peur. – Alors c’est à cause de toi que j’ai ces ailes ridicules dans le dos ? fulmine Grounch. Clara se redresse dans son lit. – Ne m’en veux pas, s’il te plaît. Tourne-toi que je te vois mieux. Grounch s’exécute de mauvaise grâce. – Ça te va bien. Quand les trollettes vont te voir, elles vont toutes tomber follement amoureuses de toi, renchérit Clara, malicieuse. Et puis tes cornes, elles sont plus jolies aussi. – Ah bon, tu trouves ? demande Grounch en rougissant. Si tu le dis... – Assieds-toi là, dit la petite fille en tapotant le bord de son lit. Tu serais d’accord pour rester un peu avec moi ; on pourrait discuter. Discrètement, la fée Clochette s’éclipse, laissant le troll-fée et la fillette en tête à tête. Elle sourit : une grande amitié vient de naître. – Maintenant, dis-moi : qu’est-ce qu’elles ont mes cornes ? demande Grounch. Texte : 2014 © M.-H. Lafond |
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