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Imprimer le texteRatapu le faceur
L'angoisse qu'il éprouve à ce moment-là le fait se changer de couleur à chaque instant : un vrai feu d'artifice. Les autres singes descendent de l'arbre et l'entourent :
- C'est de ta faute !
- Voilà où ça mène de faire des farces tout le temps !
Tous sont très en colère et le menacent.
Ratapu se fait tout petit, mais il ne peut disparaître. Et si le bébé singe se noie ? Il ne pourra jamais se le pardonner. Soudain, il a une idée :
- Mais bien sûr ! s'écrie-t-il.
Et devant les singes abasourdis, Ratapu glisse le plus rapidement possible le long de la berge. Ça y est, il aperçoit le bébé singe. Mais la chute d'eau n'est plus très loin. Ratapu fournit un dernier effort et dépasse le petit singe. Il grimpe sur un rocher, saute sur un autre et au moment où le bébé singe se trouve à sa portée, Ratapu se transforme en branche d'arbre.
- Attrape ! lui crie-t-il en même temps.
Le petit singe s'accroche à lui et Ratapu peut le remonter sur le rocher. Sur la berge, tous les singes applaudissent.
Fourbu mais content, Ratapu ramène le petit singe auprès des siens.
- A partir d'aujourd'hui, dit-il d'une voix forte pour que tout les animaux l'entendent, je jure de ne plus jamais faire de farces à quiconque.
Et après un dernier regard au petit singe acrobate lové dans les bras de sa maman, Ratapu se glisse dans la forêt, la tête basse.
Depuis ce jour, dans toute la forêt les animaux racontent l'histoire de Ratapu le farceur, d'Arachnide la sorcière et du petit singe acrobate. Et Ratapu a tenu promesse : plus jamais il ne fit de farces.
Et si, un soir, tu passes au pied du baobab dans la savane, peut-être verras-tu une grosse araignée noire toute velue avec deux immenses yeux rouges et un tout petit serpent vert, sur un rocher, se réchauffant aux derniers rayons du soleil.
Texte : 1997 © M.-H. Lafond