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Imprimer le texteLe mystère de la cicatrice
III- La vérité sur la cicatrice
Le lendemain, le maître ramassa toutes les versions.
- 20 ! Ouah ! Ça c'est une bonne classe ! Je ne m'y attendais pas. Il y en a tellement que je les lirais pendant la récréation. Et la véri...
- M'sieur, vous ne nous racontez pas votre histoire ?
- Non, je vous la raconterais cet après-midi.
- Oh non ! C'est trop long...
Pendant toute la matinée, le suspens régna. A la récréation, les quatre copains se retrouvèrent.
- Eh ! Si on allait voir ce que fait notre maître ? proposa Clara.
- Ah ouais ! Pourquoi pas !
Après avoir convaincu Renaud, Aurélien grimpa sur ses épaules pour accéder à la fenêtre de la classe. Pendant ce temps, les filles firent le guet.
Monsieur Pétaouschnock était assis à la place d'Aurélien ; les copies étaient empilées devant lui.
- Alors, raconte ! demanda Renaud. Qu'est-ce qu'il fait ?
- Il a presque fini de lire, et en plus il est assis à la plaaa...
Aurélien, tellement excité, avait sauté sur les épaules de Renaud qui perdit l'équilibre. Et tous les deux tombèrent.
Alerté par le bruit, Monsieur Pétaouschnock jeta un coup d'oeil par la fenêtre et rigola.
A deux heures, les élèves et leur maître rentrèrent en classe.
- Prenez votre cahier de classe et faites-moi cette division : 3650 divisé par 365.
Clara s'exclama :
- Ça fait 10 ! Maintenant dites-nous la vérité !
- Bon d'accord vous avez gagné !
Le silence se fit alors si pesant qu'on entendit voler la mouche qui venait d'entrer par la fenêtre.
- Il y a quelques années, j'ai été embauché... dans le cirque Zingalo, du grand Colombo, le célèbre illusionniste.
- C'était vous Colombo ?
- Nooon ! J'étais l'instituteur...
Les élèves déçus :
- Oh !
- ... et le deuxième, le deuxième...
- Le deuxième quoi ?
- Le deuxième dompteur ! Un soir alors que le dompteur vedette était hospitalisé, j'ai dû le remplacer. C'est alors que le drame s'est passé : Brutus, le nouveau tigre de la ménagerie, était énervé et effrayé par le public car c'était sa première entrée en piste. Quand soudain un ballon a éclaté. Brutus terrifié me sauta dans les bras. Mais comme je ne m'y attendais pas, je me suis reculé. J'ai alors reçu un coup de patte qui me défigura. Affolé, le public s'enfuit en hurlant de peur. Sauf un homme qui m'accompagna à l'hôpital pour me réconforter. Quand je suis sorti de l'hôpital, le directeur du cirque m'annonça qu'il lui était impossible de me garder parce que je risquais d'effrayer les jeunes enfants.
L'homme qui m'avait accompagné m'attendait dehors. Me voyant si triste de ne plus pouvoir faire du cirque, il me fit la proposition suivante : "Je m'appelle Monsieur Jeantet. Je suis instituteur à l'école primaire Les Terres Blanches à Frontignan. Mais l'année prochaine je pars à la retraite. Aussi, si ça vous intéresse, je vous lègue mon poste". Je répondis donc que j'étais entièrement d'accord. Et c'est pourquoi je suis aujourd'hui votre instituteur !
Texte : 1998 © M.-H. Lafond